[Portrait] L’Alliance des Femmes du Don : « un groupe de femmes qui s’entraident pour ne pas périr »

En ce 22 février 2018, se tenait au Siège National d’Amnesty International une conférence organisée avec une délégation russe, l’Alliance des Femmes du Don, en présence de leurs 2 représentantes Elena et Valentina. Cette association travaille depuis plus de 20 ans avec des collectivités locales, des enfants et des jeunes afin de réinstaurer le dialogue après deux guerres, entre les jeunes de Tchétchénie et de Rostov-sur-le-Don, une ville du Sud-Ouest de la Russie. 

 L’association des Femmes du Don a été enregistrée pour la première fois en 1994 mais elle est née en 1993 après la chute de l’Union Soviétique. Les représentantes l’ont décrite comme étant « un groupe de femmes qui s’entraident pour ne pas périr », ce qui représente bien le contexte très rude dans lequel l’association a vu le jour.

Cette ONG regroupe plusieurs activités notamment la défense des droits humains, la réhabilitation des militaires en stress post-traumatique, la consolidation de la paix et des activités culturelles comme le théâtre.

Dans leurs missions, se trouvent : la protection et la promotion des droits humains, la protection des droits des femmes et des enfants, le soutien au développement de la société civile, la lutte pour la reconnaissance du rôle joué par les femmes en tant que mère et au sein de la famille, la consolidation de la paix entre les ethnies et les nations et enfin, le soutien aux actions contre le nationalisme et le chauvinisme.

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Soldat Russe pendant la guerre de Tchétchénie, northcaucasusland.files.wordpress.com

La première initiative a été une conférence intitulée « Women For Life Without Wars and Violence ». Ensuite, d’autres conférences ont pris place entre 1996 et 2001. En 1996, a eu lieu le premier forum relatif aux personnes disparues et le but de ce dernier était de mettre en lumière les difficultés rencontrées à cause de l’absence d’un système d’identification des corps.

Le deuxième forum a eu lieu en 1998, il concernait la réhabilitation des appelés après la guerre. Il s’agissait ici de travailler avec les militaires, les veuves et les mères de militaires, souvent envoyés contre leur gré au service militaire. Enfin, le dernier forum en date a eu lieu en 2001 et portait sur la diplomatie populaire.

« Je ne veux pas haïr »

L’Alliance a aussi été sur le terrain en 1995 lors du conflit militaire en Tchétchénie. L’association aide au maintien de la paix et soutient les militaires et les mères de militaires. Le soutien psychologique est aussi un des domaines au cœur de cette organisation qui a travaillé à Beslan après les attentats de 2004 afin de soutenir les populations grâce aux psychologues de l’association.

A la liste de ces accomplissements, s’ajoute les projets mis en place par l’organisation. En 2001, l’organisation lance un concours de dessins d’enfants intitulé «je ne veux pas haïr». Un enfant inconnu est désigné vainqueur, il avait envoyé plusieurs dessins. Plus tard, on apprend que cet enfant vivait dans un camp de réfugié, il avait perdu ses jambes dans l’explosion d’une mine et que le maintien de la paix était un thème qui lui tenait à cœur.

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Dessin d’un enfant racontant la guerre, source : lesinrocks.fr

 

En 1998, l’organisation avait déjà entrepris des actions concrètes. Elle avait lancé un projet avec le Daguestan (République voisine de la Tchétchénie) afin de participer à la création d’un hôpital caritatif. L’organisation a récemment mis en place un projet de théâtre forum où les jeunes peuvent parler avec des personnes âgées et des représentants d’autres nationalités.

L’organisation travaille à toutes les échelles, locale ou internationale. Depuis 2009, après la Guerre de 100 jours contre la Géorgie, l’organisation travaille en commun avec son voisin de l’autre côté du Caucase. Leur travail porte sur le maintien de la paix et la communication, avec l’aide de professeurs de langue travaillant avec l’organisation.

Une association définie comme « agent de l’étranger »

Ce mode de fonctionnement de l’association ainsi décrit était celui qui était en vigueur jusqu’en 2013. En 2013 a été adoptée en Russie une loi imposant l’enregistrement des associations ayant un financement (ou une part de financement étranger) et ayant une « activité politique » sur un registre. L’association a alors été enregistrée sur ce registre en tant qu’agent de l’étranger. Cette mention amène des conséquences pratiques qui, aujourd’hui, nuise à l’activité de l’organisation.

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Graffiti en russe « Les agents de l’étranger aiment les USA »

L’association a du être scindée en deux : d’un côté, une organisation non gouvernementale qui a été enregistrée le 31 octobre 2013 qui ne peut agir qu’à Rostov-sur-le-Don et de l’autre côté, une fondation qui a été enregistrée le 14 août 2013 qui agit dans toutes les régions.

Ces deux entités ont les mêmes buts mais l’organisation non gouvernementale ne peut plus agir dans les autres régions ; ce qui limite considérablement son champ d’action. La conférence s’est ensuite poursuivie par un échange entre les représentantes et l’auditoire.

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