Le 14 octobre dernier, l’entraineur du PSG Christophe Galtier répondait ironiquement à une question en conférence de presse : « on est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en chars à voile ». Cette affirmation montre encore une fois qu’il est urgent que les sujet des impacts environnementaux liés au monde sportif, soient pris en compte sérieusement par tous.
Depuis décembre 2010, date de la désignation officielle du Qatar comme pays d’accueil, de gigantesques travaux ont été réalisés puisque le pays n’est pas en mesure d’accueillir la compétition : huit stades ont été construits dont sept sont équipés de systèmes climatiques, laissant de côté tant les conditions humaines de travail que les enjeux environnementaux.
La coupe du monde génère des milliards de spectateurs, ce qui pourrait justifier la mise en place de telles constructions dans le pays. Toutefois, dans le contexte environnemental actuel, la FIFA, sous les projecteurs mondiaux, ne devrait-elle pas au contraire faire en sorte que les pays organisateurs se montrent irréprochables tant sur le plan humanitaire qu’environnemental ?
Les stades climatisés au Qatar : une impression de déjà-vu ?
Après les championnats du monde d’athlétisme de 2019 à Doha au Qatar, qui avait engendré des coûts environnementaux importants par la climatisation du stade Khalifa, c’est encore au Qatar, pays de la péninsule arabique qu’aura lieu la prochaine coupe du monde.
En 2019, alors que la température était de 42° degrés à l’extérieur, le stade climatisé avait atteint la température de 25° ; générant à la fois des conséquences dangereuses pour la santé des sportifs et dévastatrices pour l’environnement.
La coupe du monde 2022 se déroulera du 20 novembre au 18 décembre, et non aux périodes habituelles des coupes du monde (juin-juillet) pour éviter des températures trop élevées. Et même si la date de la coupe du monde a été déplacée, le gouvernement qatari a mis en œuvre une nouvelle technique de réfrigération des stades à ciel ouvert qualifiée par certains « d’aberration climatique ».
Il faut par ailleurs rappeler que le Qatar, l’un des principaux exportateurs de gaz au monde, détient le record mondial de C02 par habitant : 45 tonnes de CO2 par habitant par an, contre 5 tonnes pour la France par exemple.
Les techniques de climatisation des stades à ciel ouvert
Les techniques de climatisation de ces stades à ciel ouvert sont très perfectionnées. En effet, même si les températures seront plus clémentes (entre 23 et 29 degrés au mois de novembre), sept stades sur huit seront équipés de ce système de climatisation.
L’ingénieur qui a développé cette technique de climatisation précise qu’elle a été particulièrement étudiée et travaillée depuis 2010. Dans le stade El Janoub par exemple, de chaque côté de la pelouse sont présentes des bouches d’aérations très puissantes qui permettent de diffuser de la climatisation. Ce stade sera ainsi complètement rafraîchi deux heures avant chaque match et jusqu’à la fin. Ceci promet un impact environnemental maximum !
Une compétition neutre en carbone ?
Face aux critiques abondantes, les organisateurs de la coupe du monde affirment qu’aucun excès ne sera franchi, le gouvernement qatari promettant une « compétition neutre en carbone ». Selon le Parlement européen, la neutralité carbone signifie un équilibre entre les émissions de carbone et l’absorption du carbone de l’atmosphère par les puits de carbone.
Dans ce cadre, sur le site officiel de la coupe du monde, on perçoit une volonté du gouvernement qatari de faire de ces stades un environnement chaleureux et naturel: « Environmental practices extend to the surrounding city of Al Khor where the numerous parks, lakes and protected greenbelt land stretch out from the stadium to the sea-ensuring a lasting legacy from the world’s most welcoming stadium ».
Un guide du stade affirme à France Info : « On ne mettra pas en marche la climatisation si ce n’est pas nécessaire. Et, si on la branche pour un match, on fermera ensuite le toit pour garder l’air frais pour le lendemain ». Mais pour autant, il affirme également que « l’idée est qu’on arrive à 24 degrés au centre de la pelouse ainsi qu’entre 24 et 27 degrés dans les tribunes ».
L’ingénieur des stades précise que les systèmes utilisés sont estimés 40% plus durables que les techniques existantes. Il ajoute que la climatisation des stades est alimentée par de nombreux panneaux solaires. Il termine en déclarant que « nous ne faisons pas d’excès ». Le Comité de la coupe du monde au Qatar précise également que « la climatisation ne sera pas activée » en raison des températures dites « douces ».
Mais l’objectif de neutralité carbone parait difficile à atteindre, surtout si on y ajoute les vols quotidiens mis en place par le Qatar pour les supporters résidant dans les pays voisins pour aller assister aux matchs ; ou encore la construction même des huit stades en plein désert.
Les réels impacts environnementaux
Malgré la volonté des Qataris de rassurer le monde sur les conséquences environnementales de l’organisation de la coupe du monde, les impacts seront réels. Des experts climatiques se sont penchés sur les conséquences directes de la climatisation des stades sur l’environnement.
En mai 2022, l’ONG Carbon Market Watch émettait un doute sur cette promesse de neutralité carbone dans un rapport : « Les données suggèrent que les émissions liées à la Coupe du monde seront considérablement plus élevées que prévu par les organisateurs, et que les crédits carbones destinés à compenser ces émissions n’auront sans doute pas un impact suffisamment positif sur le climat ».
En juin 2021, la FIFA a publié un rapport dans lequel elle affirme que la Coupe du monde au Qatar devrait générer 3,63 millions de tonnes de dioxyde de carbone. Mais cette même ONG estime que les chiffres seraient sous-estimés. En réalité, les émissions rendues par la construction des stades seraient huit fois plus importantes.
En réponse, la FIFA a notamment annoncé le renforcement des critères environnementaux dans les appels d’offres qui visent à choisir les pays organisateurs des prochains mondiaux de football.
Dans ce contexte, il faut retenir que Amnesty International, n’appelle pas au boycott de la coupe du monde mais elle veut solliciter la conscience politique, citoyenne et écologiste de l’équipe de France « Investissez-vous en exprimant clairement votre solidarité, par votre parole publique, dans un message sur vos réseaux sociaux ou en signant notre pétition. »
DONC n’oubliez pas de signer la pétition sur le site d’Amnesty International si ce n’est pas déjà fait !